2013.06.02 (Fête-Dieu)

 

Fête-Dieu : une histoire liégeoise !

Ce dimanche 2 juin, nous fêtons le Corps et le Sang du Christ, appelé communément « Fête du Saint sacrement » ou encore « Fête-Dieu ». Cette fête liturgique, faut-il le rappeler, a pris naissance au cœur de notre diocèse sous l’impulsion de Sainte Julienne de Cornillon. Celle-ci naquit vers 1191 à Retinne. Orpheline dès l’enfance, elle fut confiée à des religieuses qui desservaient la léproserie du Mont-Cornillon, aux portes de Liège. Devenue elle-même moniale augustinienne, dotée d'une grande intelligence et d'une culture remarquable, elle avait un sens profond de la présence du Christ dans l'Eucharistie.

Un jour, Julienne eut une vision : une lune resplendissante, dont le diamètre est traversé par une bande noire. Le Seigneur lui fit comprendre la signification de ce qui lui était apparu. La lune symbolisait la vie de l'Eglise sur terre, la ligne opaque représentait en revanche l'absence d'une fête liturgique dans laquelle les croyants pouvaient adorer l'Eucharistie pour faire croître leur foi et avancer dans la pratique des vertus. Pendant vingt ans, Julienne conserva le secret de cette révélation, pour avoir la confirmation que cette inspiration venait de Dieu. Puis elle se confia à deux ferventes adoratrices de l'Eucharistie, la bienheureuse Eve de Liège, qui menait une vie d’ermite près de la collégiale Saint-Martin, et Isabelle de Huy, qui l'avait rejointe dans le monastère du Mont-Cornillon. Les trois femmes établirent une sorte d'’alliance spirituelle’, dans l'intention de glorifier le Très Saint Sacrement. Elle demandèrent également l'aide d'un prêtre très estimé, Jean de Lausanne, chanoine de la collégiale Saint-Martin à Liège, le priant d'interpeller les théologiens et les ecclésiastiques au sujet de ce qui leur tenait à cœur.

Après des hésitations, le Prince-Évêque de Liège, Robert de Thourotte, accueillit la proposition de Julienne et institua pour la première fois en 1246 la solennité du Corpus Domini dans son diocèse. Mais Julienne dut subir de dures oppositions. Elle quitta son monastère pour être l'hôte de communautés de cisterciennes (Salzinnes), les édifiant par son humilité et continuant à répandre avec zèle le culte eucharistique. Elle s'éteignit en 1258 à Fosses-La-Ville, en contemplant, selon son biographe, le Très saint Sacrement avec un dernier élan d'amour. En 1264, le Pape Urbain IV (=Jacques Pantaléon de Troyes, qui avait connu Julienne au cours de son ministère d'archidiacre à Liège) étendit la solennité de la Fête-Dieu à l'Église universelle en la fixant au jeudi après la Pentecôte.

En rappelant la vie de sainte Julienne de Cornillon, renouvelons aujourd’hui notre foi dans la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie ! Redécouvrons aussi le sens de l’adoration eucharistique : passer du temps gratuitement avec le Seigneur, méditer sa Parole et converser avec Lui, se laisser transformer par son amour, porter devant Dieu les soucis et les impasses de notre humanité. Tous les saints n’ont-ils pas trouvé force, consolation et joie dans la rencontre eucharistique ?

 

Joël Spronck, curé